L’insertion sociale des sourds-muets : entre langue des signes et innovations technologiques

Une Journée nationale du savoir placée sous le signe de l’inclusion
Le journal L’Expression revient dans un article récent sur un événement marquant organisé à l’occasion de la Journée nationale du savoir : une rencontre à Bouira, initiée par l’Association culturelle des sourds-muets, rassemblant une quinzaine d’associations venues de différentes wilayas, sous le thème « Insertion sociale des sourds-muets ».
Une mise en lumière de la langue des signes
La journée a débuté par une exposition très symbolique : images illustrant les gestes de la langue des signes, dessins réalisés par des jeunes sourds-muets, et photos de rencontres précédentes.
Cette immersion visuelle a introduit une conférence où plusieurs universitaires et experts se sont relayés pour défendre l’importance de cette langue visuelle. Un moment fort a été la démonstration de la récitation du Coran, de l’hymne national, ainsi que les discours officiels, en langue des signes.
Pourquoi la langue des signes est essentielle ?
La langue des signes permet aux sourds-muets de communiquer efficacement et de s’épanouir pleinement. Elle ouvre la voie à l’accès à une éducation spécialisée adaptée à leurs besoins spécifiques, tout en favorisant leur insertion sociale et professionnelle. Pour soutenir ces citoyens tout au long de leur parcours, il est indispensable de former des enseignants, des inspecteurs et des cadres qualifiés dans ce domaine.
Focus sur l’implant cochléaire : une innovation décisive
La psychologue et orthophoniste Malika Mansouri a présenté une solution technologique révolutionnaire : l’implant cochléaire.
Fonctionnement de l’implant cochléaire
Un appareil fixé derrière l’oreille capte le son grâce à une micro-antenne implantée sous le cuir chevelu. Les sons sont ensuite transmis à la cochlée par des électrodes qui stimulent le nerf auditif, permettant au cerveau de les interpréter comme des sons compréhensibles.
Conditions de succès
Pour que l’implant cochléaire soit pleinement efficace, plusieurs critères doivent être réunis. Il est impératif de poser un diagnostic de surdité profonde, de vérifier que le nerf auditif est fonctionnel, et d’intervenir avant l’âge de trois ans pour maximiser les chances de succès.
Coût estimé de l’appareil : environ 1 million de dinars algériens.
Limites et risques
Malgré ses avancées, cette technologie présente certaines limites. Le fil reliant l’antenne à la cochlée peut se casser, impliquant des coûts élevés de réparation (60 000 à 70 000 DA). De plus, une rééducation orthophonique intensive est nécessaire après l’implantation pour garantir une bonne assimilation.
Depuis 2008, cette technologie est disponible dans les hôpitaux de Mustapha Pacha, Kouba, Annaba, Batna, Sétif et El Oued.
Des perspectives encourageantes
Les progrès technologiques continuent d’évoluer, avec aujourd’hui des implants où la micro-antenne et la cochlée sont intégrées en un seul dispositif discret placé derrière l’oreille.
Par ailleurs, trois stagiaires ayant brillamment appris la langue des signes ont été honorés, preuve que la maîtrise de cette langue reste un pilier fondamental pour l’insertion sociale, même face aux avancées technologiques.
Conclusion
La Journée nationale du savoir à Bouira a illustré avec éclat l’importance de la langue des signes et des innovations technologiques pour l’épanouissement des sourds-muets.