Acouphène : les traitements efficaces | Tout savoir sur le traitement des acouphènes
Acouphènes

Traitement des acouphènes : 6 solutions validées qui changent la vie des patients

L’acouphène – symptôme correspondant à la perception de sifflements, bourdonnements ou sons « fantômes » sans source sonore extérieure – est très fréquent : plus de 6 millions de Français en souffrent. Il n’existe pas de traitement définitif pour le faire disparaître, mais plusieurs approches validées permettent d’en réduire l’impact au quotidien. En pratique, l’ORL commence par un bilan afin d’éliminer une cause possible (inflammation, bouchon, anomalie vasculaire, etc.), puis oriente vers une prise en charge adaptée. Contrairement aux idées reçues, « ne rien faire » n’est pas une option : une approche pluridisciplinaire (médecin spécialisé ORL, audioprothésiste, psychologue…) est recommandée pour aider le patient à mieux vivre avec son acouphène.

Thérapie comportementale et cognitive (TCC/CBT)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est aujourd’hui considérée comme un traitement de référence pour réduire la souffrance liée aux acouphènes. Son objectif n’est pas de supprimer le bruit perçu, mais de modifier la manière dont le patient le vit et y réagit. En pratique, un psychologue ou un psychiatre formé accompagne la personne, en individuel ou en groupe, pour dédramatiser l’acouphène, corriger les pensées négatives et développer de nouvelles stratégies d’adaptation. Les études cliniques montrent que la TCC diminue significativement l’impact émotionnel et anxieux des acouphènes. Par exemple, une méta-analyse a confirmé son efficacité sur la détresse liée aux acouphènes, et les principales sociétés savantes ORL et d’audiologie la recommandent comme approche « solidement étayée par les preuves ». En France également, les spécialistes rappellent que la TCC « aide à se désensibiliser à la perception de l’acouphène », avec environ 70 % des patients qui en retirent un bénéfice.

  • Efficacité : Très bonne pour réduire la gêne liée aux acouphènes et l’anxiété associée.
  • Limites : N’atténue pas le son de l’acouphène lui-même, mais en diminue l’impact. Requiert un suivi psychothérapeutique sur plusieurs séances.
  • Pour qui ? Tout patient présentant du stress, de l’anxiété ou une dépression en lien avec les acouphènes. Particulièrement indiqué lorsque ceux-ci perturbent la concentration, le sommeil ou la qualité de vie.

Les prothèses auditives (amplification)

Dans 30 à 50 % des cas, les acouphènes s’accompagnent d’une perte auditive. Corriger cette surdité améliore souvent le confort. L’appareillage auditif (audioprothèse) amplifie les sons de l’environnement et « couvre » naturellement l’acouphène, permettant au cerveau de se focaliser sur les bruits extérieurs (voix, sons ambiants) plutôt que sur le sifflement interne. Certains appareils haut de gamme intègrent également un générateur de bruit blanc, programmé selon le spectre de l’acouphène. Les recommandations internationales insistent sur ce point : chez un patient malentendant, une aide auditive doit toujours être proposée, car elle améliore à la fois l’audition et réduit la perception de l’acouphène. En cas de surdité profonde, un implant cochléaire (chirurgie) peut même faire disparaître les acouphènes en restaurant l’audition.

  • Efficacité : Bonne pour masquer l’acouphène lorsqu’il est associé à une perte auditive. De nombreuses études montrent qu’un grand nombre de patients en retirent un soulagement. Les recommandations internationales insistent sur ce point : « recommander une évaluation pour une aide auditive » en cas de perte auditive avec acouphènes.
  • Limites : Inefficace si l’audition est normale, une prescription d’appareil auditif n’étant pas justifiée inutilement. Les appareils doivent être correctement réglés par un audioprothésiste et portés régulièrement. L’adaptation peut nécessiter plusieurs ajustements.
  • Pour qui ? Tous les patients présentant des acouphènes associés à une surdité confirmée par audiogramme.

Thérapies sonores et masquage (générateurs de bruit)

Le masquage sonore consiste à diffuser un bruit de fond continu afin de réduire le contraste avec l’acouphène. Cela peut se faire grâce à des générateurs portés à l’oreille (semblables à de petits appareils auditifs), des appareils de bruit blanc (ventilateur, radio réglée sur un volume faible, application mobile, etc.) ou encore des oreillettes diffusant des sons apaisants (pluie, forêt, mer…). En “remplissant” l’environnement sonore, on détourne l’attention du bruit interne. En effet, dans le silence, l’acouphène paraît toujours plus fort, tandis qu’un bruit faible supplémentaire fournit au cerveau un repère sonore externe sur lequel se concentrer.

En pratique, il est souvent recommandé d’écouter ce bruit de fond plusieurs heures par jour, notamment lors d’activités calmes ou avant le coucher. Selon une ORL française, ces générateurs “semblent apporter un réel bénéfice, même s’il existe peu d’études”. L’Assurance maladie souligne également que la pose d’un générateur de bruit est “souvent bénéfique” sur le long terme (environ 1 à 2 ans) pour habituer l’oreille. L’objectif n’est pas de faire disparaître totalement l’acouphène — ce qui serait irréaliste —, mais de réduire progressivement l’attention qui lui est portée. Avec le temps, le cerveau finit par “oublier” ce son parasite et le percevoir comme moins gênant.

  • Efficacité : Elle varie d’un patient à l’autre. Beaucoup rapportent un apaisement immédiat (diminution du stress, meilleure concentration), en particulier dans les environnements calmes. Certaines études suggèrent même une réduction durable du volume perçu, au-delà du simple effet de masquage, mais les preuves restent limitées. Les recommandations précisent que ce traitement peut être proposé comme option, surtout en complément d’autres méthodes (TCC, TRT…).
  • Limites : Un usage régulier (plusieurs heures par jour, sur plusieurs mois) est nécessaire pour obtenir un effet durable. Un masquage complet avec un son trop fort est déconseillé, car il peut gêner l’audition de l’environnement et freiner le processus d’habituation. Ce traitement ne “guérit” pas l’acouphène, mais aide à les soulager et à réduire leur gêne au quotidien.
  • Pour qui ? Les patients dont les acouphènes deviennent particulièrement envahissants dans le silence (par exemple au coucher) ou lors d’activités demandant de la concentration. Ce traitement est surtout utile en complément de la TCC ou de la TRT pour faciliter la réadaptation.

Thérapie de réentraînement (TRT ou thérapie d’habituation)

La thérapie d’habituation ou TRT (Tinnitus Retraining Therapy) est une approche combinant accompagnement psychologique et stimulation sonore progressive. Développée par Jastreboff et Hazell dans les années 1990, elle repose sur deux volets :

  • des séances d’éducation et de counseling menées par un audiologiste ou un ORL, visant à expliquer le mécanisme de l’acouphène, identifier les pensées négatives et réduire l’anxiété face au bruit ;
  • un enrichissement sonore quotidien (via générateur de bruit spécifique, oreillettes ou exposition à un environnement sonore contrôlé), afin d’habituer progressivement l’oreille et le cerveau à coexister avec l’acouphène.

En pratique, la TRT est un traitement de longue durée (souvent 12 à 18 mois) nécessitant une exposition sonore régulière. Les résultats sont progressifs mais durables : une méta-analyse récente montre un taux de réponse nettement supérieur avec la TRT qu’avec une prise en charge standard. Autrement dit, les patients apprennent à ignorer davantage le bruit et à mener une vie normale malgré sa présence. La Mayo Clinic décrit ce protocole comme une combinaison de masquage sonore et de counseling personnalisé, visant à rendre l’acouphène progressivement « neutre » aux yeux du patient.

  • Efficacité : De nombreuses études et recommandations soulignent une amélioration significative du handicap lié aux acouphènes après plusieurs mois. En pratique, beaucoup de patients finissent par oublier partiellement le bruit perçu.
  • Limites : La TRT est un programme de longue durée, nécessitant plusieurs séances de suivi et l’usage quotidien d’un générateur de bruit. Les bénéfices apparaissent lentement (souvent après 12 mois ou plus) et dépendent fortement de la motivation du patient. Un suivi par un audioprothésiste ou un centre spécialisé est indispensable.
  • Pour qui ? Toutes les personnes qui souffrent d’acouphènes et dont la condition impacte significativement la vie quotidienne. La TRT peut être associée à un appareillage auditif en cas de surdité concomitante. Elle est généralement proposée en centre de réadaptation auditive ou en cabinet spécialisé.

Neuromodulation bimodale (Lenire et autres dispositifs)

Il s’agit d’approches innovantes, récemment validées par des études cliniques. L’exemple le plus médiatisé est le système Lenire (Neuromod Devices), ayant obtenu en 2023 une autorisation spéciale de la FDA comme traitement non invasif des acouphènes. Lenire combine une stimulation sonore (diffusion d’un son confortable dans l’oreille) et de légères impulsions électriques appliquées à la langue. L’objectif est de « réentraîner » les circuits cérébraux impliqués dans l’acouphène en couplant deux types de stimuli. Les résultats cliniques sont prometteurs : un essai pivotal a montré qu’après seulement 6 semaines de traitement, le groupe Lenire présentait une amélioration cliniquement significative du score de handicap (THI) par rapport au groupe recevant uniquement le son.

Dans la pratique quotidienne, ce dispositif portable, à utiliser environ 1 heure par jour à domicile, a montré de bons résultats : une revue rétrospective récente portant sur 212 patients rapporte que 91,5 % ont présenté une baisse d’au moins 7 points du score THI après environ 12 semaines de traitement. Cela correspond à une amélioration notable de l’acouphène pour la quasi-totalité des patients, sans effets indésirables graves rapportés. D’autres technologies similaires, combinant stimulation auditive et stimulations tactiles ou électriques, sont également en cours d’évaluation.

  • Efficacité : Les preuves s’accumulent. Les essais cliniques avec Lenire (et dispositifs similaires) montrent une réduction significative du handicap lié aux acouphènes en quelques mois.
  • Limites : Ces traitements ne sont pas encore largement disponibles et restent coûteux, avec une prise en charge limitée. Ils nécessitent une bonne observance (utilisation quotidienne). Leur efficacité à long terme reste à confirmer, même si les données actuelles sont encourageantes.
  • Pour qui ? Les patients adultes souffrant d’acouphènes chroniques modérés à sévères, après échec ou bénéfice insuffisant des traitements de première intention. Option de deuxième ligne proposée dans certains centres spécialisés en audition.

Traitements médicamenteux et prise en charge de l’anxiété

Aucun médicament spécifique ne permet de guérir les acouphènes. Les traitements pharmacologiques ont donc un rôle essentiellement symptomatique ou complémentaire. Par exemple, si les acouphènes s’accompagnent d’anxiété marquée, d’insomnie ou de dépression, le médecin peut prescrire un anxiolytique (benzodiazépine) ou un antidépresseur adapté. Ces psychotropes améliorent le sommeil et l’état émotionnel, ce qui soulage indirectement la souffrance liée aux acouphènes. Toutefois, ils n’agissent pas directement sur l’intensité du bruit perçu.

Plusieurs essais contrôlés ont montré que les traitements classiques (vasodilatateurs, corticoïdes, ginkgo biloba, vitamine B6, magnésium, etc.) n’ont pas d’efficacité démontrée sur les acouphènes isolés. En pratique, les spécialistes déconseillent leur usage systématique. En revanche, traiter une cause sous-jacente (hypertension, trouble thyroïdien, sinusite, etc.) peut parfois faire disparaître un acouphène dit « objectif », lié à la pathologie initiale. Enfin, certaines mesures simples — hygiène du sommeil, relaxation, réduction de la caféine et de l’alcool, exercices de respiration — font partie intégrante de la prise en charge globale, même si elles ne constituent pas des « traitements » au sens strict.

  • Efficacité : Très limitée sur les acouphènes eux-mêmes. Les traitements médicamenteux sont surtout utiles lorsqu’ils ciblent les troubles associés (anxiété, dépression, insomnie).
  • Limites : Risques d’effets secondaires (somnolence, dépendance aux anxiolytiques, etc.) sans bénéfice direct sur l’acouphène. Aucun médicament « miracle » n’existe à ce jour.
  • Pour qui ? Les patients présentant, en plus de l’acouphène, une anxiété, une dépression ou une pathologie sous-jacente pouvant être traitée (acouphènes objectifs). Les compléments alimentaires ne sont pas recommandés spécifiquement pour l’acouphène.

En pratique…

L’essentiel est de ne pas rester seul face à l’acouphène. Un ORL établira le diagnostic, traitera la cause éventuelle (bouchon de cérumen, otite, etc.) et orientera vers les solutions adaptées. Un suivi régulier auprès de professionnels (audioprothésiste, ORL, psychologue) permet d’ajuster l’appareillage auditif ou les programmes de thérapie dans le temps. Les traitements peuvent être combinés : par exemple, associer un générateur de bruit à une TCC accélère souvent les progrès. Enfin, le patient joue un rôle actif en adoptant une hygiène de vie saine et en apprenant à gérer son stress, ce qui aide le cerveau à « désapprendre » le bruit.

En somme, « ce qui marche vraiment » repose sur des approches pragmatiques, validées par la recherche et l’expérience clinique. La TCC et la TRT occupent une place centrale, car elles agissent directement sur le cerveau pour réduire la souffrance liée aux acouphènes. Les appareils auditifs (ou implants cochléaires) corrigent la surdité associée, tandis que les méthodes sonores (bruit blanc, Lenire) offrent un soulagement immédiat. Les médicaments, eux, n’agissent pas directement sur l’acouphène mais peuvent aider à gérer l’anxiété et le stress qu’il entraîne. Au final, chaque patient peut trouver la combinaison la plus efficace pour lui, avec l’accompagnement d’un médecin ORL ou d’un audioprothésiste.

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